Rencontres viticoles d’Aquitaine : la viticulture échange avec les chercheurs
L’édition bordelaise des 7es Rencontres Viticoles d’Aquitaine s’est tenue en mars au lycée agricole de Blanquefort. Organisé par
le Vinopôle, ce rendez-vous bisannuel a pour but de faire le point sur les résultats des dernières expérimentations. Pour faciliter les échanges entre experts et participants, la rencontre était cette année proposée sous forme de cinq ateliers thématiques.

Couvrir la vigne pour mieux la protéger. Gérer le mildiou. Conserver les sols et stocker le carbone. Déguster les variétés de demain. Faire le point sur les derniers résultats du biocontrôle. Ce sont là les thèmes des cinq ateliers proposés lors de cette édition 2022 des Rencontres Viticoles d’Aquitaine.
Des « alternatives » aux produits phytosanitaires
Viti-Tunnel est un procédé couvrant la vigne lors des épisodes de pluie pour éviter le développement du mildiou. Ce dispositif a été testé avec succès, évitant tout traitement dans 10 parcelles de châteaux bordelais depuis 2019 (voir Union Girondine 1196 ).
Par ailleurs, ce dispositif se déploie dès que la température descend en dessous de 4,5 °C. Lors de l’épisode de gel d’avril 2021, « on n'a constaté aucun dégât de gel sous le Viti-Tunnel du château Dillon », précise Nicolas Aveline (IFV), alors qu’on relevait -3 °C cette nuit-là.
Cette « couverture » pourrait aussi protéger d’autres maladies mais aussi de la grêle, voire de la coulure. Le transfert de cette innovation au vignoble va dépendre de plusieurs facteurs encore à préciser comme le coût de revient du dispositif, mais aussi son impact sur les travaux à la vigne, l’autorisation de l’INAO pour les vignes en appellation, ou encore, l’acceptation des riverains.
Autre solution alternative actuellement à l’étude, l’utilisation de produits de biocontrôle pour limiter le recours aux produits phytos. Les résultats d’essais permettent aujourd’hui de préciser qu’à ce jour les produits de biocontrôle complètent les fongicides sans pour autant les remplacer mais offrent, selon les cas, la possibilité d’une réduction sensible des doses de produits phytosanitaires.
Améliorer la prévision des risques maladies
Pour améliorer la prévision des risques de maladies, un des objectifs est d’intégrer une nouvelle mesure dans les modèles, à savoir les données issues de la collecte des spores de mildiou et d’oïdium qui volent dans l’air avant même l’apparition des symptômes (voir Union Girondine n° 1195).
Pour assurer cette collecte, un réseau participatif a été créé avec des viticulteurs girondins afin d’installer des capteurs de spores dans leurs parcelles. Ce réseau comptait 25 viticulteurs partenaires en 2021. Ils sont 51 en 2022. « Chaque viticulteur du réseau peut accéder à un tableau de bord avec les captures sur ses parcelles. Il peut aussi visualiser les captures de l’ensemble du réseau », précise Marc Raynal (IFV).
Cependant, si le choix d’une stratégie de traitement ne peut pas être basé sur la seule observation de cette donnée, à terme, son intégration dans les modèles devrait permettre d’économiser des traitements sans prendre trop de risques.
Limiter l’empreinte carbone
Les pistes pour limiter les émissions de gaz à effet de serre et pour améliorer le stockage du carbone en viticulture ont été débattues. Sur ce volet, le chiffrage du stockage par les puits de carbone comme la plantation d’arbres, de haies, de jachères ou les mares restent très difficiles à chiffrer.
En prolongement, le guide Décisol a été présenté aux viticulteurs. Cette plateforme en ligne, qui propose des préconisations de gestion durable des sols viticoles, donne accès à quatre outils de diagnostic développés par la Chambre d’Agriculture de la Gironde. À savoir GARANCE pour la reconnaissance floristique, BOCQS pour caractériser la qualité des sols, PROFIL RESSOURCES pour raisonner le choix des pratiques culturales en fonction des résultats d’analyses de sol et IDEFICS, qui propose un ensemble d’indicateurs de durabilité pour évaluer le fonctionnement de l’itinéraire technique et permettre la comparaison entre différents systèmes.
Marie-Noëlle Charles