Au château Dubraud, à Saint-Christoly-de-Blaye, Céline et Alain Vidal se sont lancés dans l’agroforesterie et ont planté plus de 1000 arbres au printemps dernier dans leur vignoble.
Le projet, ainsi qu’un parcours œno-touristique comportant une quinzaine de panneaux explicatifs, a été inauguré le 25 novembre, en présence de nombreux invités.
Propriétaires d’un domaine de 27 ha en appellation Blaye-Côtes de Bordeaux, Céline et Alain Vidal, vignerons indépendants, produisent une gamme de 11 vins certifiés Haute Valeur Environnementale niveau 3.
Nourris de lectures et d’échanges avec d’autres vignerons et le collectif La Belle Vigne, qui promeut l’agroécologie, ils ont longuement mûri ce projet, qui va au-delà des pratiques vertueuses déjà mises en place et s’inscrit dans une démarche globale et dans la lignée de leur vision d’une « viticulture respectueuse de l’homme et de la nature ».
« L’objectif est de favoriser des sols vivants et d’assurer la bonne santé de la vigne sans intrants, dans une perspective de durabilité, explique Alain Vidal, ingénieur agronome de formation. Une forêt ne connaît ni les labours, ni les fertilisants, et produit néanmoins des arbres de 30 m de haut. Nous voulons nous inspirer du modèle vertueux de la forêt pour l’appliquer à la vigne. »
Le couple de vignerons ambitionne ainsi de recréer un véritable écosystème sur le domaine.
En mars dernier, 1 200 arbres et arbustes ont été plantés par amis, clients et leurs 11 collaborateurs sur 4 ha. Certains ont été victimes du gel printanier mais le taux de reprise est de plus de 85 %.
700 m de haies ont été réalisés le long de parcelles avec chênes pédonculés, cormiers, charmes, poiriers sauvages, cornouillers sanguins, noisetiers…
Un bois d’un hectare a été constitué autour d’une mare creusée sur 200 m2, un élément central qui favorisera le retour des insectes et des oiseaux, précieux auxiliaires contre les ravageurs de la vigne.
Une parcelle de 2,6 ha plantée en malbec accueille également deux haies traversantes de peupliers noirs et de saules marsault, qui apporteront fraîcheur en été et humus en hiver pour fertiliser les sols en complément des couverts végétaux.
« La vigne se nourrit du sol, qui est notre premier capital, un capital fragile, rappelle Alain Vidal. L’agroforesterie permet d’enrichir les sols en matière organique pour qu’il y ait davantage de bactéries, de micro-organismes, de vers de terre… pour le rendre plus fertile. »
Pour le viticulteur, il s’agit d’assurer la pérennité de la vigne et de minimiser les interventions, même s’il ne renonce pas aux produits phytosanitaires, à condition de bien les gérer, en cas de risques pour la récolte.
Les arbres et arbustes doivent également permettre de capter le carbone, de limiter le ruissellement de l’eau, d’abriter insectes et oiseaux, de limiter les effets du changement climatique en régulant les températures ou en brisant les vents. Le projet, d’un coût global de 13 000 euros, a été financé avec une aide de la Région Nouvelle-Aquitaine et un financement participatif de 86 personnes, dont les noms seront gravés sur une barrique à l’entrée du domaine, à hauteur de 10 000 euros.
La conseillère régionale Lydia Héraud, invitée à planter un arbre lors de l’inauguration, a félicité le couple pour son initiative et rappelé le soutien du Conseil régional à la transition écologique de la viticulture à travers le projet VitiRev.
Céline et Alain Vidal savent qu’il leur faudra être patients pour les premiers résultats et qu’ils œuvrent pour l’avenir du vignoble. « Mais il faut bien se prendre en charge et commencer un jour », lance Alain en souriant.
Cécile Poursac