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Union des Grands Crus de Bordeaux : des Primeurs en verre et contre tout !

L’Union des Grands crus de Bordeaux a réussi la prouesse, malgré les mesures de confinement, de mener à bien son opération des Primeurs. Une édition qui a demandé une organisation au cordeau. Les négociants et courtiers qui sont venus goûter les vins saluent « des conditions de dégustation au top du top ! Il ne manquait que la présence des propriétaires. »

L’Union des Grands Crus de Bordeaux a de la détermination. En 2020, les mesures de confinement empêchaient la tenue des primeurs. L’équipe de l’UGC s’est retroussée les manches et a fait circuler les échantillons à travers le monde. Les propriétaires ont proposé des tarifs attrayants, et les primeurs étaient relancées. En 2021, l’Union des Grands Crus avait anticipé les restrictions de mouvement. Elle avait donc choisi dix villes pour permettre les dégustations. Trois d’entre elles n’ont pu proposer de dégustations groupées. Qu’importe, en direction de Londres, New York et San Francisco, les plus importants acheteurs se sont vus remettre de nombreux échantillons pour appréhender le millésime 2020. En Asie, les conditions étaient assouplies, et en Europe, elles respectaient les consignes édictées par les différents états. À Bordeaux, le premier rendez-vous de ces dégustations de vins primeurs se tenait sur deux jours , les mercredi 14 et jeudi 15 avril. Il se déroulait dans les salons feutrés de l’Intercontinental. Cette dégustation avancée était destinée aux courtiers et négociants de la place.
Pendant deux jours, par créneaux de 2 h 30, les dégustateurs avaient à portée de verre 130 vins. À l’issue de chaque séance, les échantillons étaient enlevés, les pièces aérées pendant près d’une heure, et un nouveau groupe entrait dans le salon qui lui avait été attribué. Quatre salons avaient été aménagés, chacun pouvant accueillir six dégustateurs. Seuls les sommeliers pouvaient toucher aux bouteilles, les dégustateurs se trouvaient chacun sur un "mange-debout", carnet en main, à noter leur descriptif de chaque vin. « Nous avons pu permettre aux négociants,
courtiers et à une douzaine de journalistes de déguster environ 130 vins », expliquait Ronan Laborde, président de l’Union des Grands Crus de Bordeaux. « Je pense que nous avons permis ainsi un large panorama de dégustation à 384 personnes de la filière. »

Une dégustation « au top du top ! »

Des conditions de dégustation qui avaient pris en considération la protection maximale du personnel (masque sur la bouche et visière transparente sur les yeux). Ces mesures drastiques, en plein confinement, ont permis à ces dégustations de se tenir quand même. « Les conditions de travail sont calmes, intimistes pour permettre la meilleure dégustation possible, insistait Ronan Laborde. Il s’agit d’un protocole de dégustation que nous avons déployé partout où nous sommes présents en Europe. » Ce matin-là, parmi les dégustateurs, Éric Galan, acheteur grands crus pour la société Jean Merlaut. L’homme présente son verre à la sommelière, passe sa main libre dans sa
barbe poivre et sel. « Cela fait 30 ans que je suis dans le métier. Et les conditions de dégustation qui nous sont proposées aujourd’hui, c’est le top du top. Ce qui nous manque, c’est le contact avec les propriétaires pour échanger. Mais sur les conditions de dégustation, sincèrement, on ne peut pas faire mieux. Les vins sont à température, les blancs sont servis frais mais pas glacés. Les échantillons de rouge sont dans des conditions optimales, et pour des échantillons, c’est essentiel. Le service des sommeliers est idéal. Franchement, au risque de me répéter, c’est le top du top. » Puis fin avril, les Primeurs se sont déroulées en dix points du globe, avec Bordeaux en tête. « Nous avons des dégustations à Hong Kong, Shanghai, Bruxelles, Bordeaux et deux jours à Paris, explique Ronan Laborde. Ce millésime est plein de vie, cela interpelle. Il y a, depuis une dizaine d’années, une conscience
et une vigilance par rapport à ces millésimes très chauds. Nous essayons de préserver la fraîcheur en évitant la surmaturité. Le terroir, la nature, le sol, semblent s’acclimater à des années chaudes. Une trilogie de grands millé-
simes en 2018, 2019 et 2020. » Ces primeurs sont un moment majeur de l’économie des grands crus : « Nous vendons 90 à 95 % de nos vins lors de ces primeurs », concédait Ronan Laborde lors du point presse de l’UGCB. Et la campagne de mise en marché s’opère de début mai à mi-juin. Au total, les Primeurs auront permis de toucher en direct « 2 500 personnes, mais des personnes qui comptent dans le commerce des vins de Bordeaux en France et
dans le monde. » Quant à une éventuelle envolée des prix, Ronan Laborde se veut prudent : « Le marché est fragile. Si inflation il y a, elle sera raisonnée. »

Emmanuel Danielou