Magali Vérité : « Restructurez votre endettement avec Agir Vite ! »

Magali Vérité, à l’origine du dispositif Agir Vite

Magali Vérité, vous êtes vice-présidente de la Chambre d’agriculture de Gironde et vous êtes à l’initiative, avec d’autres élus, de l’opération Agir Vite. Pourquoi avoir mis en place ce dispositif ?

Magali Vérité : Les signaux sont au rouge. Nombre d’agriculteurs et de viticulteurs girondins se trouvent dans une situation économique inquiétante, avec des trésoreries fragilisées et un équilibre financier menacé.

Que vous disent les viticulteurs, comment vivent-ils cette situation ?

M. V : Quand on subit des difficultés finan- cières, le quotidien est marqué par un stress important. On s’épuise à négocier des délais de paiement ou des plafonds de découvert plus hauts. Et on finit par avoir du mal à penser à autre chose et à se consacrer pleine- ment à son activité.

Comment expliquez-vous ce marasme et les difficultés rencontrées par la filière ?

M. V : Les raisons sont multiples : les marchés à l’exportation se sont effondrés, les salons et les foires ont été annulés, les restaurants fermés, etc.

Côté chiffre, comment cela se traduit-il ?

M. V : Bordeaux a produit 5 millions d’hectolitres de vin en 2019, mais seuls 3,8 millions ont été vendus. A cette baisse des volumes commercialisés, s’ajoute une chute des cours, divisés par deux en moins d’un an pour l’appellation Bordeaux par exemple. On a donc moins de vente et des ventes qui se font à prix inférieur aux coûts de production.

En quoi l’opération Agir Vite peut-elle aider les viticulteurs ?

M. V : Les viticulteurs se mobilisent pour trouver des solutions et sauver leur exploitation. Certains vont diversifier leur activité, d’autres envisagent d’arracher une partie de leurs vignes, d’autres encore réorganisent complètement leurs canaux de commercia- lisation, travaillent à l’obtention de certifica- tions environnementales, passent au bio… Mais comment payer les fournisseurs, régler les traites en attendant que ces actions portent leurs fruits ? C’est là que nous intervenons.

Plus concrètement, que proposez-vous avec Agir Vite ?

M. V : Un premier entretien est proposé avec un conseiller d’entreprise de la Chambre d’Agriculture. Ce rendez-vous est gratuit et confidentiel. Il permet de dresser un état des lieux de la situation. Dettes, créances, état des stocks, évolution des résultats : tout est passé au crible, avec bien entendu une analyse de la viabilité de l’exploitation pour savoir si oui ou non, elle a les moyens de s’adapter au nouveau contexte et aux nouveaux marchés.

Et ensuite ?

M. V : Selon les conclusions de ce diagnostic partagé, un entretien, toujours gratuit et confidentiel, peut être proposé avec un professionnel du droit. L’objectif : chercher des solutions de règlement des dettes dans le cadre d’une démarche à l’amiable avec les créanciers. Agir vite, c’est donc un dispositif destiné à régler les dettes de façon rapide, le temps de mettre en place des actions structurelles, dont les bénéfices et les effets ne sont pas immédiats. C’est un répit, une bouffée d’oxygène, un délai accordé au viticulteur pour lui permettre de mettre en place des actions à plus long terme.

Quels messages souhaitez-vous adresser aux viticulteurs ?

M. V : Osez et faites vite. Osez demander de l’aide. Je suis moi-même viticultrice et je sais combien il peut être difficile d’aller demander un soutien à l’extérieur. Mais nous ne devons pas avoir honte de notre situation. Nous sommes des professionnels, mais nous ne pouvons pas être compétents sur tout. Nous avons besoin d’aide pour surmonter certaines épreuves. Soyons moteur dans la résolution de nos difficultés.

Pourquoi faire vite ?

M. V : La prise en charge rapide de la situa- tion est la clé pour s’en sortir avec moindre mal. Il est impératif de faire quelque chose tant qu’il est encore possible. Pour anticiper avant que la situation ne s’aggrave, agir plu- tôt que subir.

Face à l’adversité et à l’incertitude, prenons les devants et n’attendons pas que les évènements nous obligent à faire des choix plus douloureux.

Rassurez-vous : ces démarches ne vous engagent à rien, mais vous permettent de bénéficier de l’expertise de professionnels rodés à la négociation avec les créanciers dans le cadre du droit. Surtout, d’autres so- lutions existent qui peuvent elles aussi être entreprises avec l’appui des conseillers de la Chambre d’agriculture.

> 05 56 79 64 14 

entreprises@gironde.chambagri.fr

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