L’Union Girondine, 100 ans
au service de la viticulture

La place des Quinconces à Bordeaux en 1917. Le fret maritime se fait depuis les quais de la Garonne. (Photo : Agence Rol / Bibliothèque nationale de France)

Les rives de la Garonne ont donné naissance à des journaux et bulletins agricoles qui ont précédé l’Union Girondine des vins de Bordeaux. Le premier numéro portant cette manchette est proclamé le 1er décembre 1922. Le bulletin bimensuel possède son siège au 5, rue Fondaudège à Bordeaux. L’Union en question est le regroupement du Syndicat girondin de défense contre la fraude, de la Ligue des viticulteurs de la Gironde, de la Fédération des syndicats des producteurs de lait, des caisses de réassurance mutuelles incendies, accidents…
Ce journal d’information est l’expression d’un travail syndical de défense. Dans le numéro du 1er janvier 1923, un article titre « Sur la composition des Commissions de constatation des cours » et souligne que « les agriculteurs et viticulteurs ont fréquemment élevé des protestations au sujet de la manière dont étaient établies les mercuriales des produits agricoles, principalement des produits ou denrées de grande consommation comme la viande, les céréales, le vin, etc. » Ils constataient « qu’il arrive trop souvent que les cours constatés ne reproduisent pas fidèlement la situation exacte du marché. »
L’opposition entre négociants et producteurs est lisible dans les colonnes, se référant à la loi de 1866 : « Si la profession commerciale était depuis longtemps organisée, il n’en était pas de même de la profession agricole. Il n’en est heureusement plus de même aujourd’hui. »
L’Union Girondine a une autre mission, permettre aux agriculteurs et viticulteurs de bénéficier de groupements d’achat. Et de permettre au monde rural, puissant en densité humaine, mais moindrement en capacité financière, de limiter ses charges dans l’acquisition des outils et produits de protection de la vigne.
Dans un agenda de 1925 de l’Union Girondine, sont ainsi mis en avant les « sulfates de cuivres », « les sulfateuses et soufreuses »… On écrit encore à cette époque le « mildew ». On vante les mérites des « engrais phosphatés ». Quant à l’engagement, les messages distillés par le journal dans l’entre-deux-guerres n’y vont pas par quatre chemins : « Vous faites partie d’un syndicat ! Assistez-vous à ses réunions ? Non. Les questions agricoles et viticoles ne vous intéressent donc pas ? »
Si l’Union Girondine possède son berceau en bord de Garonne du côté de Cadillac, elle va étendre son champ d’action à l’ensemble du vignoble. De 1920 à 1974, Pierre Campana, courtier en vin à Cadillac et secrétaire de l’Union, va conduire aux destinées du journal. Il s’occupait de tout, de la mise en page, de la publicité, de l’impression… En 1974, Pierre Campana désire prendre sa retraite, il faut assurer le devenir de l’Union Girondine. Conjonction favorable en cette période mouvementée, la Fédération des Grands Vins de Bordeaux a la volonté de se doter d’un organe de communication. Porteuse d’avenir, cette mutation « professionnelle » de la revue se négocie entre le Syndicat agricole de Cadillac et la FGVB. Le transfert est effectif à l’automne 1975.

14 000 viticulteurs en 1988, 5 378 en 2020


La Fédération va faire évoluer le journal. Le titre sera le reflet de la viticulture girondine. De ses succès, et aussi de ses difficultés. L’augmentation de la pagination correspond à un apport scientifique plus marqué, tant à la vigne qu’au chai.
Xavier Carreau, président de la FGVB en 2004, écrivait pour le 1000e numéro de l’Union Girondine : « Depuis le milieu des années soixante, notre vignoble a connu des mutations profondes et continues : il est passé de 110 000 ha en 1964 (dont 75 000 ha en AOC et 35 000 ha en vins de table, avec dans chaque catégorie plus de la moitié en blanc), à plus de 122 000 hectares et près de 90 % en rouge ». « En mai 1994, dans un contexte économique marqué par l’effondrement des vins blancs », il convenait « de gagner des marchés hors de nos frontières dans un contexte de concurrence mondiale aggravé. »
Il ajoutait (toujours en 2004) : « Les problèmes que nous rencontrons ne sont pas nouveaux, et par cycle, l’histoire se répète. Aux périodes de fortes expansions, se sont succédé des périodes de crise. Les difficultés auxquelles nous sommes confrontés aujourd’hui exigent des mesures fortes. »
L’évolution du nombre de viticulteurs a exercé une véritable influence sur les tirages du magazine. 14 000 exploitations viticoles en 1988, 9 000 au recensement agricole de l’an 2000, 5 378 pour celui de 2020 ! La diffusion, qui a culminé à 10 000 exemplaires dans les années 1990, s’établit de nos jours à moins de 4 000 exemplaires, soit près de 80 % de son cœur de cible.
L’ Union Girondine des vins de Bordeaux demeure le premier média informatif de la filière viticole en Gironde. Et s’attache au mieux à répondre aux attentes de la viticulture du XXIe siècle qui fait face à de nombreux défis : concurrence internationale, baisse de la consommation, engagements environnementaux. C’est dans cette optique qu’a été construit le hors-série à paraître en ce mois de novembre 2022, consacré à l’Agroécologie au vignoble, une démarche dans laquelle est déjà fortement engagé le vignoble de Bordeaux.

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