Formation DefiPulvé 2022 : les bases d’un bon réglage du pulvérisateur
Le Vinopôle de Bordeaux Aquitaine organise en mars et avril plusieurs journées de formation DéfiPulvé. Le but : permettre aux viticulteurs de revenir sur les bases d’un bon réglage de leur pulvérisateur pour sécuriser la protection de leur vignoble et réduire leur utilisation de produits phytosanitaires. Cette formation est notamment animée par Alexandre Davy, de l’IFV, et Adel Bakache, de la Chambre d’agriculture de la Gironde*.
La mise en route du pulvérisateur pour une nouvelle campagne de protection sanitaire de la vigne commence par les vérifications de sortie d’hiver. « La check-list en sortie d’hivernage, explique Alexandre Davy, ingénieur à l’IFV, débute généralement par l’évacuation du liquide antigel puis la vérification du bon état de fonctionnement des gaines, des tuyaux et des buses avec le contrôle de l’absence de fuites ou de bouchages. »
À propos de la filtration
Même s’il ne s’agit pas de réglage à proprement parler, la question de la filtration doit être l’objet d’une attention particulière de la part des viticulteurs. « C’est d’autant plus important, ajoute Alexandre Davy, que les buses à injection d’air risquent de se développer compte tenu de l’évolution de la réglementation vis-à-vis des enjeux environnementaux. » Concernant la filtration, on retiendra qu’elle doit être progressive et adaptée (taille de mailles, volume et nombre de filtres).
Calcul du volume épandu par hectare
Pour ce qui est des réglages avant traitement, ils commencent par le contrôle des débits de tous les diffuseurs et la mesure de la vitesse d’avancement et du volume épandu par hectare.
Pour mesurer les débits, on peut utiliser un simple pichet gradué à chaque sortie. Après un temps de pulvérisation d’eau claire d’une minute réalisée à la pression de travail, on récupère, pour le peser, le volume d’eau contenue dans chaque pichet. L’objectif d’un « bon réglage » est de ne pas avoir un écart supérieur à 10 % par rapport au débit théorique. Si c’est le cas, cela signifie que des buses sont bouchées, trop usées ou tout simplement défaillantes. Il convient alors de les nettoyer et/ou de les changer.
Pour ce qui est de la vérification de la vitesse réelle d’avancement, le meilleur moyen est de chronométrer le temps nécessaire pour parcourir 100 mètres avec le pulvérisateur en fonctionnement. Avec ces deux données (débit et vitesse) on calcule alors le volume (en litres) épandu par hectare, qui sera le résultat du débit (en litre/minute) x 600, le tout divisé par la largeur traitée (en mètres) multipliée par la vitesse (en km/heure).
Adapter le volume épandu par hectare
À partir de là, si le volume par hectare ne correspond pas à celui visé par le viticulteur pour son traitement à venir, cela indique qu’il faut modifier un des paramètres, souvent la pression de travail. Un nouveau débit sera alors calculé à partir de la même formule. Ce même calcul d’adaptation du volume épandu par hectare sera aussi effectué dans le cas où le viticulteur prévoit de traiter une seconde parcelle alors que les largeurs de rang ne sont pas identiques à la parcelle qu’il a traitée auparavant.
Choix du volume épandu par hectare quand on passe en bio
« La question du choix du volume de bouillie par hectare, surtout pour ceux qui passent en bio, est souvent évoquée lors des formations, poursuit Adel Bakache. Même si on n’a encore pas de résultats d’essai sur le sujet, les remontées du terrain de l’ensemble des régions viticoles françaises mentionnent qu’il vaut mieux augmenter le volume épandu par hectare lorsque l’on passe en bio. Les producteurs historiques en bio assurent en effet qu’il faut "mouiller davantage la vigne pour couvrir au maximum le végétal afin d’obtenir de bons résultats avec les produits de contact". Dans certains vignobles, les viticulteurs n’hésitent pas à augmenter les volumes pour atteindre 200 litres par hectare, voire plus parfois. Encore une fois, même si ce n’est pas une recommandation issue de résultats d’essais, il semble que ce conseil soit pertinent. » Quand on passe en bio, mieux vaut donc oublier ses habitudes issues du conventionnel et ne pas se montrer réticent pour augmenter le volume épandu par hectare à chaque passage.
Adapter aussi le volume épandu au stade de la végétation
Une autre adaptation du volume épandu par hectare se fait au moment des premiers traitements. À ce stade, comme il y a encore peu de feuilles à traiter, il faut penser à assurer un réglage dynamique pour adapter le volume épandu à l’hectare au faible développement de la végétation à traiter. Sur un appareil face par face, la fermeture des diffuseurs du haut est recommandée afin de minimiser la dérive aérienne.
La qualité de la pulvérisation
Vérifier la qualité de la pulvérisation, notamment pour savoir si les faces inférieures des feuilles sont bien atteintes lors du traitement, est aussi indispensable.
Ce point est particulièrement important quand on traite avec des produits de contacts lessivables et lorsqu’on lutte contre le mildiou, qui attaque par le dessous de feuilles. En outre, on sait que la répartition homogène du produit sur le feuillage est d’autant plus importante à maîtriser quand, par exemple, on envisage un programme de traitement avec des doses réduites de cuivre à chaque passage.
Plusieurs méthodes existent pour vérifier la qualité de la pulvérisation et identifier d’éventuelles zones non ou mal traitées. Elles visent à estimer la quantité de produit déposé et à observer sa répartition sur le feuillage. Pour corriger les problèmes rencontrés lors de ces vérifications, plusieurs options sont possibles. On peut, par exemple, utiliser des buses avec un angle différent, augmenter la distance entre les diffuseurs et la végétation ou, dans certains cas, donner aux buses un angle différent (avant/arrière, bas/haut). On peut également changer de type de buse et utiliser des buses à fente. En outre, si on n’observe pas, ou peu, de produit sur les faces inférieures de la végétation, il faut essayer, si le matériel le permet, de donner un flux d’air remontant. Idéalement, il faut de toute façon toujours essayer de traiter du bas vers le haut.
Toujours à propos de la qualité d’une pulvérisation, l’idée d’alterner le traitement un rang sur deux avec des pulvérisateurs de type aéroconvecteur de grande largeur n’est pas mauvaise en soi mais d’une efficacité insuffisante les années à forte pression. « Chaque traitement est en effet indépendant et quand on analyse la qualité de ce genre de pulvérisation, on voit que le rang à côté de celui qui est traité n’est pas atteint correctement par le produit, explique Adel Bakache. Penser qu’il le sera si on le traite la fois suivante en alternant le passage est une fausse bonne idée car entre-temps, le mildiou peut s’installer et c’est trop tard pour enrayer l’épidémie. Quel que soit le stade végétatif de la vigne chaque rang doit être traité de la même façon à chaque passage car tous les traitements doivent être réalisés de la manière la plus optimale possible. »
Attention à la zone des grappes
« Un autre point de réglages rarement évoqué et tout aussi important à préciser, poursuit Adel Bakache, concerne le traitement sur la zone des grappes. En année à forte pression comme 2021, des pulvérisateurs performants qui permettent une bonne couverture du feuillage n’ont pas toujours donné les résultats attendus. On a vu dans certains cas des attaques tardives de mildiou qui ont engendré de gros dégâts sur grappes. Ainsi, en situation à risque élevé, pour éviter que le mildiou s’installe et provoque ce genre d’attaques préjudiciables, on peut conseiller de porter une attention particulière à la couverture de la zone fructifère au moment des traitements. Pour cela, on peut soit mettre un calibre de buse ou une pastille supérieure en face de la zone fructifère. En prenant la précaution de bien protéger cette zone, on réduit le risque de contamination. » Ce conseil est valable quel que soit le mode de production, bio ou conventionnel, et il est d’autant plus pertinent quand on traite avec des produits de contact.
Marie-Noëlle Charles
Inscription aux formations DefiPulvé sur le site www.vinopole.com ou via formation@gironde.chambagri.fr ou
par téléphone au 05 56 79 64 11
* Les formations sont aussi animées par Gabrielle Pellegrini (CFPPA) et Christophe
Heraud (EPLEFPA).