Congrès de la CNAOC : accélérer l’innovation dans les AOC

Les 28 et 29 avril derniers, le congrès annuel de la CNAOC s’est déroulé dans le Var. Après l’assemblée générale statutaire, une table ronde était consacrée au thème de « l’innovation en AOC ». L’occasion de constater que l’innovation n’est pas seulement environnementale mais aussi réglementaire et numérique.

Les congressistes ont été accueillis par le président de l’ODG Côtes de Provence et secrétaire général de la CNAOC (Confédération Nationale des producteurs de vins et eaux de vie de vin à Appellations d’Origine Contrôlées), Éric Pastorino. L’assemblée générale a été notamment l’occasion d’aborder le chantier en cours de la définition du projet syndical pour la CNAOC.
Ce fut l’occasion de revenir sur les différentes étapes déjà menées : une étude d’opinion sur la perception de l’AOC vitivinicole, un premier séminaire de réflexion entre les membres du conseil d’administration en juillet 2021, un travail de synthèse lors l’AG 2021, plusieurs enquêtes et entretiens auprès du réseau CNAOC et d’autres organisations viticoles, et enfin un second séminaire de réflexion ouvert aux directeurs de fédérations régionales en mars 2022. Selon l’agence qui accompagne la confédération dans ce travail, l’ambition stratégique de la CNAOC pourrait se définir de la manière suivante : « être garant qu’aujourd’hui comme demain l’AOC soit le principal vecteur de valorisation de la viticulture française ».
Reste désormais à arbitrer les leviers et moyens déjà identifiés pour atteindre cette ambition stratégique. Le CA de la CNAOC doit se pencher sur cette question rapidement avec, au cœur de sa réflexion, la volonté de renforcer la cohésion du réseau des syndicats d’appellation.

Comment innover rapidement sans perdre son identité ?

La table ronde de l’après-midi était consacrée au thème de « l’innovation en AOC ». Une question cruciale pour l’avenir des appellations d’origine face au changement climatique et aux évolutions sociétales. « Les appellations d’origine doivent s’adapter ou elles subiront les changements qui arrivent », a affirmé le président du Comité national vin AOC de l’INAO Christian Paly (également administrateur de la CNAOC). Mais alors, comment innover rapidement sans perdre son identité ?
Pour tenter de répondre à cette question, différents intervenants ont présenté plusieurs types d’innovations. Marion Château, en charge de la communication numérique pour Vin & Société, a d’abord présenté les résultats du baromètre sur les usages numériques de la filière viticole (voir notre édition de mai 2022), une enquête lancée pour la première fois en 2022 auprès des acteurs du vignoble français (principalement des exploitations viticoles) et qui a vocation à être renouvelée tous les 4-5 ans. La filière obtient un score de digitalisation de 47/100, une note porteuse d’espoir mais qui témoigne des progrès qui restent à accomplir. Pour les enquêtés, le numérique est perçu comme une source d’innovation notamment pour communiquer sur son exploitation et ses vins (75 %), vendre ses vins (58 %) ou encore optimiser le travail dans les vignes et au chai (35 %). Mais pour profiter de toutes les potentialités offertes par le numérique, il faudra lever les freins à la digitalisation : le manque de temps, le manque d’argent et le manque d’intérêt.

« Le viticulteur devient vigneron expérimentateur »

Bernard Angelras et Christophe Riou, respectivement président et directeur de l’institut Français de la Vigne et du vin (IFV), ont ensuite détaillé plusieurs programmes en cours pour innover en AOC. Des innovations qui concernent le matériel (réduction de la dérive, pulvérisation par drone), la vigne (atelier grandeur nature de conception d’une vigne agroécologique) et les cépages (36 nouveaux cépages secondaires depuis 2006). « L’expérimentation est désormais plus collaborative et participative. Le viticulteur devient vigneron expérimentateur » a précisé Christophe Riou, ce qui permet l’accélération de la recherche.
Enfin, Christian Paly et Marie Guittard, directrice de l’INAO, ont abordé la réglementation. Comment faire pour accélérer l’intégration des innovations dans les cahiers des charges ? Il faut ouvrir des espaces d’expérimentation comme dans le cas de la procédure des Variétés d’Intérêt à Fin d’Adaptation (VIFA) en vigueur depuis 2021. Afin d’identifier des variétés qui présenteraient un potentiel d’adaptation à plusieurs problématiques (changement climatique, réduction des intrants, etc.), l’INAO, à la demande de la CNAOC, a autorisé l’introduction des VIFA dans les vins commercialisés en AOC* sous conditions : limitation à 5 % de l’encépagement de l’exploitation, incorporation limitée à 10 % dans les assemblages, etc. Une procédure innovante à modéliser sur d’autres problématiques.
Le président de la CNAOC Jérôme Bauer a invité les producteurs d’AOC à lever les freins à l’innovation. « Nous devons aussi faire un travail sur nous-mêmes pour accepter de bouger », a-t-il souligné en conclusion.


(*) Plusieurs variétés ont été intégrées dans le cahier des charges de l’AOC Bordeaux en 2021

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