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Stratégies de marché de la filière vitivinicole : 15 recommandations pour assurer son avenir

Les députés Sandra Marsaud et Sylvain Carrière, rapporteurs, ont présenté le 9 avril dernier les conclusions de la mission d’information sur les stratégies de marché de la filière vitivinicole, avec 15 recommandations pour assurer l’avenir de la filière.
Sandra Marsaud (Ensemble pour la République, Charente) et Sylvain Carrière (LFI, Hérault)
Union Girondine

La commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale a relancé, en septembre 2024, une mission d’information sur les stratégies de marché de la filière vitivinicole, la première ayant été interrompue par la dissolution. Elle a eu pour objectif de comprendre les défis que la filière doit affronter et d’accompagner, par ses recommandations, la mise en œuvre de stratégies à même d’assurer sa pérennité.

Durant ces derniers mois, les rapporteurs, Sandra Marsaud (Ensemble pour la République, Charente) et Sylvain Carrière (LFI, Hérault), ont rencontré nombre d’acteurs de la filière et se sont déplacés dans plusieurs vignobles, dont la Gironde.

Leur rapport dresse un état des lieux forces et faiblesses de la filière et identifie plusieurs leviers d’action : l’export, un indispensable relais de croissance, la promotion des vins et du savoir-faire français et un meilleur pilotage de l’offre de vins français, qui fait l’objet de 9 des 15 recommandations émises.

Les marchés internationaux : des débouchés indispensables

En dépit du ralentissement du marché mondial, les exportations représentent un enjeu majeur pour compenser la baisse de la consommation sur le marché intérieur. Elles doivent permettent aussi de mieux valoriser les vins. « Les acteurs de la filière et la puissance publique doivent continuer de renforcer et de diversifier les débouchés à l’international, y compris sur les segments d’entrée et de milieu de gamme, et d’explorer de nouveaux marchés comme l’Inde. »

Seul point de divergence entre les rapporteurs, l’attitude à adopter face aux actuelles tensions commerciales avec les États-Unis. Sandra Marsaud appelle à veiller à ce que l’Union européenne préserve les intérêts de la filière vitivinicole française dans le cadre des négociations avec nos principaux partenaires commerciaux (États-Unis et Chine en particulier), tandis Sylvain Carrière promeut une approche basée sur un protectionnisme social et environnemental, proposant d’ajuster le niveau de nos tarifs douaniers et d’utiliser leur produit pour compenser le manque à gagner pour la filière lié à la hausse des tarifs douaniers imposés par d’autres pays.

L’enjeu de la communication autour des vins français

Compte tenu de coûts de production plus élevés, la France doit se démarquer par son image de marque. Les rapporteurs estiment que la promotion des vins et spiritueux français doit s’inscrire dans la mise en valeur de la gastronomie française à l’international.

En outre, alors que la vente à l’export peut paraître hors d’atteinte pour les petits producteurs, ils invitent à définir une stratégie nationale visant à permettre au plus grand nombre d’accéder aux marchés étrangers et de se développer à l’international dans une approche collective. Ils estiment aussi que la France doit se doter d’une stratégie nationale ambitieuse pour accélérer l’essor de l’œnotourisme.

Mieux piloter l’offre des vins

Le rapport appelle à améliorer le pilotage filière au travers de trois axes : améliorer la capacité d’analyse des marchés, adapter l’offre à la demande et réguler les volumes.
Ils préconisent notamment : la mise en place d’un Observatoire national des tendances de marché et la mobilisation de moyens pour l’alimenter en données ; de concevoir des dispositifs d’aide sécurisant les viticulteurs dans leurs démarches d’expérimentation de pratiques innovantes ; de renforcer la régulation interprofessionnelle des volumes mis en marché au niveau de chaque interprofession régionale ; d’inciter les interprofessions régionales à publier des indicateurs de coûts de production pertinents dans leur bassin de production en affirmant la conformité au droit de la concurrence de la publication de tels indicateurs ; de clarifier ce qui constitue un prix « abusivement bas ».

Pour les rapporteurs, « La gouvernance de la filière apparaît morcelée, scindée entre amont et aval, entre différentes formes d’exploitation (vignerons indépendants, vignerons coopérateurs, vins d’appellation ou sans appellation) et, bien entendu, entre bassins viticoles », ce qui nuit à l’émergence d’une stratégie de filière. Ils proposent d’envisager une évolution du rôle et des statuts du CNIV (Comité national des interprofessions des vins à AOC et IG) pour en faire une interprofession nationale, sans aucunement remettre en cause l’organisation interprofessionnelle en bassins de production, qui restent l’échelon pertinent pour la régulation de la production.

Les deux parlementaires ont enfin souligné que le contenu de leur rapport recoupe en partie le plan de filière préparé par le CNIV, baptisé « Cap vins ».