Derniers Numéros
Octobre 2025
L’Union Girondine est la revue mensuelle professionnelle du vignoble de Bordeaux. Elle s’adresse à l’ensemble de ses opérateurs : vignerons, coopérateurs, négociants, œnologues, organismes professionnels…
Elle est éditée par la Fédération des Grands Vins de Bordeaux, qui réunit les 25 syndicats viticoles de Gironde, soit 65 AOC.
Créé en 1922, le magazine couvre aujourd’hui les sujets d’actualité de la filière viti-vinicole et du vignoble sous les angles politiques, économiques et commerciaux, réglementaires et juridiques, sociétaux et environnementaux, techniques et technologiques.
Notre mission : accompagner les vignerons dans la gestion de leur exploitation, de la vigne au chai, de la production à la commercialisation, ainsi que dans leurs démarches réglementaires, grâce à nos nombreuses rubriques.
Fort de son ancrage local, la revue offre un regard sur les défis et les réussites de la filière. Nous nous efforçons de mettre en lumière ses initiatives, ainsi que les femmes et les hommes qui façonnent le territoire et font du vignoble de Bordeaux un incontournable de la production viticole mondiale.
Diffusée exclusivement sur abonnement, à l’ensemble des professionnels du vignoble de Bordeaux, la revue compte 11 numéros/an (numéro double en juillet-août) et des hors-séries ponctuels.
Pour une information fiable et de qualité, la revue s’appuie sur le travail d’une équipe composée de journalistes spécialisés, de collaborateurs de terrain et de consultants.
Nos articles sont notamment conçus avec l’expertise des organismes scientifiques et techniques de référence : Vinopôle Bordeaux-Aquitaine, Chambre d’agriculture de la Gironde, IFV, ISVV, Bordeaux Sciences Agro, INRAE, IVES Technical Revue…
Directeur de la publication : Jean-Marie Garde
Directeur de la rédaction : Yann Le Goaster
Rédactrice en chef : Cécile Poursac
Journaliste – secrétaire de rédaction : Claire Thibault
Publicité et petites annonces : Charlotte Lescarboura – Sylvie Boscher
Octobre 2025
Octobre 2025
Avec une commercialisation de l’ensemble des vins de Bordeaux lors de la dernière campagne de 3,25 millions d’hectolitres, nous avons vendu l’équivalent de la récolte 2024 (3,3 Mhl).
Ce chiffre, en baisse de 8 % dans un contexte économique très difficile et chargé d’incertitudes, est à rapprocher de la diminution de notre potentiel de production, qui a atteint 19 000 ha au cours des deux dernières campagnes. Il nous enseigne que la diminution du potentiel ne sera jamais suffisante si notre commercialisation ne repart pas. D’autant que les cours des vins restent au plus bas du fait des stocks accumulés au cours des trois dernières campagnes, malgré de faibles récoltes.
La solution viendra donc de la relance des efforts de commercialisation, qui concerne chaque acteur de la filière, vignerons et négociants, et l’accompagnement public devrait se concentrer sur ce point. Ainsi, nous faisons référence dans ce numéro au Guide des dispositifs de soutien de la Région Nouvelle-Aquitaine, qui apporte des leviers pour vous aider à relancer les ventes, notamment à l’exportation.
Mais les aides de l’État et des collectivités ne sont qu’un aspect de cet enjeu. Nous devons obtenir la levée des barrières non tarifaires qui freinent nos ventes. Parmi celles-ci, l’harmonisation des droits d’accises au niveau européen est une priorité. Il est impensable, au XXIe siècle, qu’il soit plus difficile d’expédier directement du vin à un consommateur européen, dans un marché censé être unique, que dans le reste du monde.
Une bonne nouvelle, cependant, soulignée par les témoignages de ce numéro : la perspective d’un beau millésime 2025.
Septembre 2025
Usage du cuivre : l'État veut-il encore une viticulture ?
Une information capitale pour tous les vignerons est passée largement inaperçue au début de l’été : le retrait de l’homologation d’un grand nombre de produits à base de cuivre par l’ANSES, dans le cadre de leur processus de réhomologation périodique.
Sur 27 AMM disponibles depuis 2018, 13 ont été retirées (souvent les moins chères à l’achat)… Il resterait, à moyen à terme, 9 à 10 spécialités disponibles, sans lissage possible, avec dans la majorité des cas des ZNT portées de 20 mètres à 50 mètres et des distances de sécurité riverains augmentées… De très nombreuses spécialités à base de cuivre intégrant d’autres matières actives sont également concernées par le retrait de leur homologation.
La CNAOC et le CNIV (Comité national des Interprofessions) sont mobilisés pour intervenir auprès du gouvernement, mais l’incertitude politique actuelle de notre pays risque de retarder fortement les réponses à cette action.
Ces décisions remettent directement en cause la transition agroécologique soutenue par l’État depuis plusieurs années, mettant particulièrement en difficulté la viticulture biologique, et plus largement l’ensemble de la viticulture au vu de l’absence d’alternatives au cuivre pour lutter efficacement contre le mildiou.
Comme pour d’autres produits phytosanitaires, la logique voudrait qu’il n’y ait pas d’interdiction sans solutions alternatives, et que le retrait de ces produits soit suspendu jusqu’à la révision de l’homologation des produits à base de cuivre au niveau communautaire. C’est la solution que nous défendrons.
Dans ce contexte, les vendanges très précoces de ce millésime 2025 se présentent heureusement plutôt bien. Les rendements en blancs sont faibles mais la qualité est au rendez-vous. La récolte en rouge est elle aussi prometteuse. Je vous souhaite à toutes et à tous d’excellentes vendanges.
Jean-Marie Garde, président de la FGVB
Juillet-Août 2025
Si nous sommes aujourd’hui engagés pour faire aboutir dès que possible les outils de régulation de l’offre (refonte de la loi Egalim, communication sur les indicateurs économiques, organisation de producteurs…) et les outils de gestion de crises (aides à la distillation et à l’arrachage) afin de retrouver des équilibres de marchés, le redémarrage économique de notre filière passera par des efforts de commercialisations renforcés, particulièrement à l’exportation.
L’étude des dernières statistiques de commercialisation nous montre en effet que le recul de 6 % de nos sorties sur un an à fin avril (soit 135 000 hl) est essentiellement lié à l’export : les baisses des ventes à l’étranger représentent 84 % de la diminution totale, dont près de 48 % liés au seul marché chinois (66 000 hl). La fermeture progressive de ce marché est une réalité, tout comme les incertitudes à court terme sur celui des États-Unis ; cependant, d’autres marchés ont un potentiel de développement, tels ceux d’Asie du Sud-Est, du nord de l’Europe ou d’Afrique de l’Ouest, ou de l’Inde demain.
Face à un marché national hyperconcurrentiel et en déclin, notre avenir dépendra largement de nos capacités à rebondir sur les marchés à l’exportation. Nous y revenons largement dans ce numéro avec un dossier qui détaille les clés de la réussite pour aborder ces marchés avec succès, et insiste sur la nécessité d’une préparation minutieuse pour obtenir de bons résultats.
Pour favoriser les initiatives à l’exportation, soulignons notamment la possibilité de bénéficier du dispositif d’accompagnement mis en place par la Région Nouvelle- Aquitaine, appelé « 360 Export », qui permet à des collectifs de viticulteurs, caves coopératives ou négociants de bénéficier d’un accompagnement de la prospection et d’un soutien adapté aux marchés ciblés.
Juin 2025
Adapter notre production
Dans un contexte économique particulièrement incertain et des ventes difficiles sur tous les segments de marché, chaque viticulteur doit se poser la question des débouchés de la future récolte, alors que la floraison se termine. Force est de constater que nous serons en difficulté, malgré les plans d’arrachage, pour commercialiser la totalité de notre production, ce qui entretiendra le déséquilibre entre offre et demande et les prix bas, alimentant ainsi la spirale des difficultés de nos entreprises.
Et il ne faudra plus compter sur les aides à l’arrachage au vu de la situation financière très dégradée de l’État, alors que les enveloppes européennes (OCM) ont été très largement consommées par les deux dernières vagues d’aide à la distillation. Nous restons mobilisés pour trouver des leviers permettant d’accompagner l’évolution du vignoble.
Pour réduire nos charges d’exploitation, chaque viticulteur devra, dans la mesure du possible, adapter sa capacité de production à ce qu’il sait vendre et valoriser. Nous n’avons pas d’autre choix pour le moment. Le passage de la durée de vie des autorisations de replantation de 5 à 8 ans, annoncé pour 2026, permettra de préserver notre capacité à rebondir dès que nous aurons retrouvé un équilibre de marché.
À court terme, notre priorité reste la mise en place d’un outil de régulation du marché, qui passera par une évolution de la loi Egalim.
Mai 2025
Campagne phytosanitaire : un défi renouvelé
Après deux années marquées par de fortes pluviométries tout au long du printemps et une pression mildiou inédite, nous voici devant une nouvelle page blanche. Si les mois de mars et début avril ont été plutôt secs, les fortes pluies du week-end pascal laissent craindre un nouvel épisode de mildiou.
Dans ce contexte d’incertitude climatique et phytosanitaire, le retrait progressif de substances actives nous met dans une situation de plus en plus difficile, notamment pour gérer les phénomènes de résistances. Et les produits de biocontrôle ne sont pas encore à la hauteur des attentes en termes de protection. Sans doute faut-il davantage de temps pour trouver des produits et formulations efficaces.
Nous souhaitons donc rappeler que l’État s’est engagé sur ce point à ce qu’il n’y ait « pas de suppression de produits sans solutions alternatives ». Au vu de la situation économique de la viticulture et des enjeux actuels, à savoir notre capacité à produire, le respect de cet engagement est aujourd’hui indispensable pour l’ensemble des vignerons, c’est une question de survie. Nous resterons mobilisés pour que cette promesse soit tenue.
Avril 2025
Taxes US : l’impact devra être accompagné
Il ne fait guère de doute, au moment où nous écrivons ces lignes, qu’une nouvelle taxe sera appliquée sur les vins français commercialisés aux États-Unis, notre premier marché à l’exportation. Celui-ci représente pour les vins de Bordeaux 225 000 hl pour plus de 435 millions d’euros, sur un an à fin janvier 2025, soit 15 % de nos exportations en volume et 21 % en valeur.
Dans le contexte conflictuel que nous connaissons, l’annonce précipitée par l’Europe de mesures de rétorsion ciblant les spiritueux américains ne pouvait qu’envenimer les choses. La filière viticole française s’est mobilisée, que ce soit au niveau national via la CNAOC ou au niveau européen via EFOW, pour demander à la Commission Européenne de rechercher des voies de négociation avec les responsables américains.
Face à la détermination du gouvernement français, celle-ci a décidé, le 20 mars dernier, de reporter les contre-mesures prévues sur l’acier et l’aluminium, et de retirer les spiritueux de la liste des produits américains visés.
Mais cette évolution ne garantit en rien que nos vins et spiritueux ne seront pas la cible privilégiée de la nouvelle politique commerciale américaine, d’autant plus qu’est annoncée une taxation par pays. Notre commercialisation dépendra évidemment de l’issue des négociations, avec une réponse attendue pour mi-avril.
Dans la situation économique particulièrement difficile que vit actuellement notre filière, il sera indispensable que des mécanismes de compensation et un accompagnement des opérateurs soient mis en place par l’Union Européenne.
Quelles que soient ces mesures, nous devons relever ce défi et rechercher de nouveaux débouchés à l’exportation. Compte tenu du contexte financier de nos entreprises, il est indispensable d’obtenir aussi des aides pour assurer la promotion de notre production.
Mars 2025
Des signaux positifs
La dernière édition de Wine Paris a été marquée par une fréquentation en nette progression des stands bordelais, des négociants comme des viticulteurs, présents en nombre, ce qui constitue un signal positif dans la morosité ambiante. Il reste à confirmer cet élan sur le plan commercial et les prochaines semaines nous diront si cette dynamique se vérifie.
Ce mois de mars verra également se dérouler le premier grand rendez-vous annuel de promotion des Vins de Bordeaux dans les circuits de distribution en France, avec la Grande Tournée organisée par le CIVB, qui mettra en avant nos vins dans près de 1 500 points de vente (grande distribution, CHR, cavistes). Cette opération, ainsi que celles menées par les Appellations pour mettre en avant nos vins dans la distribution, sont des leviers importants pour appuyer le redémarrage des ventes.
Dans ce contexte de mobilisation pour relancer la commercialisation, les résultats de l’enquête sur l’image, la notoriété et le profil des consommateurs des vins de Bordeaux en 2024* apportent un éclairage positif qui balaie nombre d’idées reçues : Bordeaux reste la provenance la plus connue dans les marchés d’exportation prioritaires, et notre vignoble véhicule une image de vins qualitatifs, produits par des vignerons passionnés.
À l’export (hormis Belgique et Chine), les acheteurs de Bordeaux sont plus jeunes que la moyenne et ont rajeuni en Allemagne et au Royaume-Uni. Enfin, l’image des vins de Bordeaux, stable en France et en Chine, s’améliore ailleurs, notamment sur le rapport qualité-prix. Les résultats de cette étude sont porteurs d’espoir pour Bordeaux, nous y reviendrons dans une prochaine édition.
* Étude IWSR menée en 2024 dans les 7 premiers marchés des vins de Bordeaux.
Février 2025
La viticulture sur tous les fronts
Les difficultés économiques impactent aujourd’hui, à de rares exceptions près, l’ensemble de la viticulture française, qui est fragilisée par une déconsommation inédite et un contexte économique, géopolitique et climatique de plus en plus imprévisible.
Dans ce climat d’incertitude, la mise en place de mesures d’accompagnement comme des réformes de fond dépend étroitement de l’agenda politique national : le dispositif d’aide sous forme de prêt de consolidation garanti par l’État (plafond de 200 000 € sur 5 à 12 ans) doit être validé dans le cadre du projet de loi de finances, d’ici la fin de ce mois.
Concernant l’évolution de la Loi Egalim pour sécuriser le contrat amont avec une prise en compte des coûts de production, une proposition de loi devrait être déposée courant février. Notre priorité est de faire avancer ces dossiers au cours des prochaines semaines avec l’appui des parlementaires.
Sur le plan commercial, Wine Paris est devenu un rendez-vous mondial important pour rencontrer les acteurs de la distribution et leur présenter toute la gamme de nos vins. Ce sera l’occasion notamment de faire découvrir ou redécouvrir les millésimes 2023 et 2024, dont la fraîcheur et la finesse sont à même de répondre aux attentes des consommateurs d’aujourd’hui.
Dans ce contexte, il est important de rappeler la Grande Tournée des Vins de Bordeaux organisée par le CIVB, qui aura lieu les 13, 14 et 15 mars prochains. Elle permettra aux nombreux vignerons inscrits de promouvoir leurs vins dans différents circuits de distribution (GMS, Cavistes, CHR) en bénéficiant d’une forte médiatisation collective.