Derniers Numéros
Mai 2025
L’Union Girondine est la revue mensuelle professionnelle du vignoble de Bordeaux. Elle s’adresse à l’ensemble de ses opérateurs : vignerons, coopérateurs, négociants, œnologues, organismes professionnels…
Elle est éditée par la Fédération des Grands Vins de Bordeaux, qui réunit les 25 syndicats viticoles de Gironde, soit 65 AOC.
Créé en 1922, le magazine couvre aujourd’hui les sujets d’actualité de la filière viti-vinicole et du vignoble sous les angles politiques, économiques et commerciaux, réglementaires et juridiques, sociétaux et environnementaux, techniques et technologiques.
Notre mission : accompagner les vignerons dans la gestion de leur exploitation, de la vigne au chai, de la production à la commercialisation, ainsi que dans leurs démarches réglementaires, grâce à nos nombreuses rubriques.
Fort de son ancrage local, la revue offre un regard sur les défis et les réussites de la filière. Nous nous efforçons de mettre en lumière ses initiatives, ainsi que les femmes et les hommes qui façonnent le territoire et font du vignoble de Bordeaux un incontournable de la production viticole mondiale.
Diffusée exclusivement sur abonnement, à l’ensemble des professionnels du vignoble de Bordeaux, la revue compte 11 numéros/an (numéro double en juillet-août) et des hors-séries ponctuels.
Pour une information fiable et de qualité, la revue s’appuie sur le travail d’une équipe composée de journalistes spécialisés, de collaborateurs de terrain et de consultants.
Nos articles sont notamment conçus avec l’expertise des organismes scientifiques et techniques de référence : Vinopôle Bordeaux-Aquitaine, Chambre d’agriculture de la Gironde, IFV, ISVV, Bordeaux Sciences Agro, INRAE, IVES Technical Revue…
Directeur de la publication : Jean-Marie Garde
Directeur de la rédaction : Yann Le Goaster
Rédactrice en chef : Cécile Poursac
Journaliste – secrétaire de rédaction : Claire Thibault
Publicité et petites annonces : Charlotte Lescarboura – Sylvie Boscher
Mai 2025
Mai 2025
Campagne phytosanitaire : un défi renouvelé
Après deux années marquées par de fortes pluviométries tout au long du printemps et une pression mildiou inédite, nous voici devant une nouvelle page blanche. Si les mois de mars et début avril ont été plutôt secs, les fortes pluies du week-end pascal laissent craindre un nouvel épisode de mildiou.
Dans ce contexte d’incertitude climatique et phytosanitaire, le retrait progressif de substances actives nous met dans une situation de plus en plus difficile, notamment pour gérer les phénomènes de résistances. Et les produits de biocontrôle ne sont pas encore à la hauteur des attentes en termes de protection. Sans doute faut-il davantage de temps pour trouver des produits et formulations efficaces.
Nous souhaitons donc rappeler que l’État s’est engagé sur ce point à ce qu’il n’y ait « pas de suppression de produits sans solutions alternatives ». Au vu de la situation économique de la viticulture et des enjeux actuels, à savoir notre capacité à produire, le respect de cet engagement est aujourd’hui indispensable pour l’ensemble des vignerons, c’est une question de survie. Nous resterons mobilisés pour que cette promesse soit tenue.
Avril 2025
Taxes US : l’impact devra être accompagné
Il ne fait guère de doute, au moment où nous écrivons ces lignes, qu’une nouvelle taxe sera appliquée sur les vins français commercialisés aux États-Unis, notre premier marché à l’exportation. Celui-ci représente pour les vins de Bordeaux 225 000 hl pour plus de 435 millions d’euros, sur un an à fin janvier 2025, soit 15 % de nos exportations en volume et 21 % en valeur.
Dans le contexte conflictuel que nous connaissons, l’annonce précipitée par l’Europe de mesures de rétorsion ciblant les spiritueux américains ne pouvait qu’envenimer les choses. La filière viticole française s’est mobilisée, que ce soit au niveau national via la CNAOC ou au niveau européen via EFOW, pour demander à la Commission Européenne de rechercher des voies de négociation avec les responsables américains.
Face à la détermination du gouvernement français, celle-ci a décidé, le 20 mars dernier, de reporter les contre-mesures prévues sur l’acier et l’aluminium, et de retirer les spiritueux de la liste des produits américains visés.
Mais cette évolution ne garantit en rien que nos vins et spiritueux ne seront pas la cible privilégiée de la nouvelle politique commerciale américaine, d’autant plus qu’est annoncée une taxation par pays. Notre commercialisation dépendra évidemment de l’issue des négociations, avec une réponse attendue pour mi-avril.
Dans la situation économique particulièrement difficile que vit actuellement notre filière, il sera indispensable que des mécanismes de compensation et un accompagnement des opérateurs soient mis en place par l’Union Européenne.
Quelles que soient ces mesures, nous devons relever ce défi et rechercher de nouveaux débouchés à l’exportation. Compte tenu du contexte financier de nos entreprises, il est indispensable d’obtenir aussi des aides pour assurer la promotion de notre production.
Mars 2025
Des signaux positifs
La dernière édition de Wine Paris a été marquée par une fréquentation en nette progression des stands bordelais, des négociants comme des viticulteurs, présents en nombre, ce qui constitue un signal positif dans la morosité ambiante. Il reste à confirmer cet élan sur le plan commercial et les prochaines semaines nous diront si cette dynamique se vérifie.
Ce mois de mars verra également se dérouler le premier grand rendez-vous annuel de promotion des Vins de Bordeaux dans les circuits de distribution en France, avec la Grande Tournée organisée par le CIVB, qui mettra en avant nos vins dans près de 1 500 points de vente (grande distribution, CHR, cavistes). Cette opération, ainsi que celles menées par les Appellations pour mettre en avant nos vins dans la distribution, sont des leviers importants pour appuyer le redémarrage des ventes.
Dans ce contexte de mobilisation pour relancer la commercialisation, les résultats de l’enquête sur l’image, la notoriété et le profil des consommateurs des vins de Bordeaux en 2024* apportent un éclairage positif qui balaie nombre d’idées reçues : Bordeaux reste la provenance la plus connue dans les marchés d’exportation prioritaires, et notre vignoble véhicule une image de vins qualitatifs, produits par des vignerons passionnés.
À l’export (hormis Belgique et Chine), les acheteurs de Bordeaux sont plus jeunes que la moyenne et ont rajeuni en Allemagne et au Royaume-Uni. Enfin, l’image des vins de Bordeaux, stable en France et en Chine, s’améliore ailleurs, notamment sur le rapport qualité-prix. Les résultats de cette étude sont porteurs d’espoir pour Bordeaux, nous y reviendrons dans une prochaine édition.
* Étude IWSR menée en 2024 dans les 7 premiers marchés des vins de Bordeaux.
Février 2025
La viticulture sur tous les fronts
Les difficultés économiques impactent aujourd’hui, à de rares exceptions près, l’ensemble de la viticulture française, qui est fragilisée par une déconsommation inédite et un contexte économique, géopolitique et climatique de plus en plus imprévisible.
Dans ce climat d’incertitude, la mise en place de mesures d’accompagnement comme des réformes de fond dépend étroitement de l’agenda politique national : le dispositif d’aide sous forme de prêt de consolidation garanti par l’État (plafond de 200 000 € sur 5 à 12 ans) doit être validé dans le cadre du projet de loi de finances, d’ici la fin de ce mois.
Concernant l’évolution de la Loi Egalim pour sécuriser le contrat amont avec une prise en compte des coûts de production, une proposition de loi devrait être déposée courant février. Notre priorité est de faire avancer ces dossiers au cours des prochaines semaines avec l’appui des parlementaires.
Sur le plan commercial, Wine Paris est devenu un rendez-vous mondial important pour rencontrer les acteurs de la distribution et leur présenter toute la gamme de nos vins. Ce sera l’occasion notamment de faire découvrir ou redécouvrir les millésimes 2023 et 2024, dont la fraîcheur et la finesse sont à même de répondre aux attentes des consommateurs d’aujourd’hui.
Dans ce contexte, il est important de rappeler la Grande Tournée des Vins de Bordeaux organisée par le CIVB, qui aura lieu les 13, 14 et 15 mars prochains. Elle permettra aux nombreux vignerons inscrits de promouvoir leurs vins dans différents circuits de distribution (GMS, Cavistes, CHR) en bénéficiant d’une forte médiatisation collective.
Janvier 2025
Se tourner vers l'avenir
Nous venons de vivre à nouveau une année difficile pour la viticulture girondine.
Sur le plan climatique d’abord, avec une pluviométrie exceptionnelle qui a généré coulure, millerandage et une pression mildiou hors norme. La récolte 2024 sera sans doute faible, mais plus qualitative que beaucoup ne le pensaient, avec un millésime sur l’équilibre, à même de répondre aux attentes des consommateurs.
Sur le plan économique, notre commercialisation est en recul de 5 % sur un an (à fin octobre), toutes destinations confondues, pour 3,46 Mhl, dans un contexte de grandes incertitudes politiques et économiques.
Il était devenu indispensable de recalibrer notre vignoble. Concernant notre potentiel de production, les arrachages, primés ou non, représentent à ce jour 8 600 ha, et entre 4 000 et 6 000 ha supplémentaires seront arrachés d’ici le printemps, dans le cadre du plan national et de la seconde vague d’arrachage sanitaire.
Cependant, nous devrons poursuivre nos efforts afin d’être plus performants dans nos opérations de promotion, d’abord au plan collectif, en synergie avec le négoce dans le cadre du CIVB. À titre individuel, les viticulteurs doivent s’impliquer dans cette reconquête des marchés. Il faut remettre le consommateur au centre de notre vision et réinventer nos actions autour du vin.
Il nous faut aussi poursuivre les efforts collectifs engagés pour améliorer les revenus des viticulteurs en faisant évoluer la loi Egalim ou encore en obtenant - il y a urgence - l’accompagnement des viticulteurs en difficulté par des prêts de consolidation garantis par l’État.
Nous resterons mobilisés pour faire aboutir ces initiatives prioritaires en 2025. Je reste convaincu que nous saurons surmonter ces difficultés par cette dynamique collective.
Gardons confiance en l’avenir. Je vous présente mes meilleurs vœux pour cette nouvelle année.
Décembre 2024
Rétablir les équilibres de marché
Les différentes mesures visant à réduire notre potentiel de production, tant au plan girondin que national, sont aujourd’hui largement engagées et nous faisons un point sur leur mise en œuvre dans ce numéro. L’ampleur de la crise actuelle montre que ces mesures d’arrachage étaient nécessaires. Il est utile de rappeler que l’ensemble de la filière a participé à leur financement, ce qui montre sa solidarité avec les viticulteurs en difficulté.
Nous nous attachons, après plusieurs mois d’inertie liée au renouvellement de l’Assemblée nationale, à faire aboutir la refonte de la loi Egalim, qui est à l’ordre du jour des débats parlementaires début 2025. Notre objectif principal est d’obtenir la sécurisation du contrat amont, entre le viticulteur et le premier acheteur, en intégrant notamment dans ce contrat la prise en compte d’indicateurs de coûts de production, afin d’assurer aux viticulteurs des revenus décents. Nous souhaitons également voir précisée la définition de revente à des prix abusivement bas afin que chaque acteur de la distribution connaisse les règles à respecter. C’est dans ce contexte qu’est organisée, à l’initiative de vos représentants, une nouvelle rencontre avec la grande distribution le 10 décembre prochain, au CIVB.
Nous sommes également engagés dans la défense du vin face aux velléités de nouvelle taxation, par des amendements du lobby hygiéniste dans le cadre de l’examen du Projet de loi de finances de la Sécurité sociale pour 2025. Nous avons mobilisé les députés et sénateurs girondins afin qu’ils s’opposent à ces amendements. Je tiens à les remercier pour leur soutien et leur réactivité.
Comme vous le voyez, nous sommes au travail jour après jour pour sortir notre filière de l’impasse dans laquelle elle se trouve aujourd’hui, et grâce à l’effort de nous tous, nous devons y parvenir.
Jean-Marie Garde, président de la FGVB
Novembre 2024
Le défi de la productivité
À l’issue des vendanges, nous partageons le constat d’une faible récolte liée aux conditions climatiques et sanitaires très difficiles de ce millésime. Ces perturbations climatiques et leurs conséquences sont devenues une constante et grèvent chaque année la productivité de notre vignoble.
Notre capacité à gérer la pression mildiou, dans ces conditions, représente un enjeu majeur pour la viticulture girondine. Si un Plan mildiou a été lancé au niveau local avec la forte implication des services techniques du CIVB (budget 500 000 €), si des moyens importants sont mobilisés au niveau national (projet PARSADA), nous restons encore démunis face à l’ampleur de la pression épidémique et au retrait progressif des molécules utilisables.
À cet égard, nous rappellerons l’engagement gouvernemental « Pas d’interdiction sans solution » qui semble bel et bien tombé aux oubliettes. Les pouvoirs publics doivent prendre la mesure de ce phénomène qui touche tous les vignobles, notamment en raccourcissant les délais d’autorisation de mise sur le marché des nouveaux produits, mais aussi en soutenant le processus d’évaluation et de ré-homologation du cuivre au niveau communautaire, sans lequel nous serions totalement démunis.
Dans un tel contexte, nous vous donnons rendez-vous à la prochaine édition du salon Vinitech-Sifel, véritable carrefour de la technique et de l’innovation. La problématique du mildiou y sera notamment au cœur des débats.
Jean-Marie Garde, président de la FGVB
Octobre 2024
Nouveau gouvernement : nos attentes sont fortes
Confrontée à une crise d’une ampleur inédite, la viticulture française, et tout particulièrement la viticulture girondine, attendent du nouveau gouvernement qu’il prenne les problèmes à bras-le-corps. Le premier et le plus important des enjeux est d’apporter des réponses concrètes à la vente à perte qui mine notre filière. Il s’agit de mettre en place un dispositif permettant de garantir au viticulteur un revenu décent, par une prise en compte d’indicateurs de coûts de production et de marché, et par la possibilité de mettre place des organisations de producteurs. Des propositions avaient été transmises en juin dernier au Président de la République, elles sont en cours de finalisation par notre interprofession. Il est essentiel qu’elles puissent faire l’objet rapidement d’un projet de loi, sans quoi les efforts réalisés pour réduire notre offre resteront insuffisants.
Notre seconde priorité est de faire aboutir les travaux engagés concernant la simplification administrative. L’enjeu est de nous permettre de passer plus de temps dans nos vignes, dans nos chais, ou à la rencontre de nos clients. C’est un enjeu de compétitivité de la filière qui nécessite également une clarification des règles sujettes à interprétation par les services de contrôle, ce qui crée une insécurité juridique permanente pour les viticulteurs.
Ensuite, il est essentiel, dans le contexte de baisse structurelle de la consommation, que l’État ne soutienne pas les mesures de dénormalisation de la consommation de vin (hausse de la fiscalité, restriction de la communication…) qui ne manqueront pas d’être proposées par les hygiénistes dans le cadre de l’examen du Projet de loi de finances de la Sécurité sociale.
Plusieurs autres priorités sont détaillées par la CNAOC dans l’article page 11. Elles visent dans leur ensemble à donner un nouveau cap à la viticulture d’AOC, qui en a plus que jamais besoin.
Jean-Marie Garde, président de la FGVB