FGVB « Nous devons trouver des réponses aux conséquences du changement climatique »

Jean-Marie Garde, président de la FGVB (au micro), entouré (de gauche à droite) du secrétaire Claude Gaudin, du directeur Yann Le Goaster et du trésorier Franck Jullion.

Lundi 14 juin, la Fédération des Grands Vins de Bordeaux (FGVB) a tenu son assemblée générale
à la Cité du Vin à Bordeaux.
Des retrouvailles pour les acteurs de la filière, et l’espoir d’une meilleure visibilité dans les mois à venir, tandis que la reprise se dessine.

Lundi 14 juin, il régnait comme un air de vie retrouvée à la Cité du Vin de Bordeaux. Pour la première fois depuis des mois, une assemblée générale se tenait en présentiel. Jean-Marie Garde, président de la Fédération des Grands Vins de Bordeaux (FGVB), se félicitait de ce changement : « Je voudrais vous dire le grand plaisir que j’ai de vous accueillir en présentiel ! »

Jean-Marie Garde soulignait la reprise que connaissent les vins de Bordeaux : « Les données économiques montrent un net redémarrage de l’activité économique des vins de Bordeaux ce qui est très encourageant. Il devra se confirmer au cours des prochains mois, notamment en termes de valorisation, pour permettre un réel rétablis- sement de la situation de la viticulture. » (Lire également page 26 et 27)

Ont été abordés les dossiers nationaux et européens pour lesquels la Fédération des Grands Vins de Bordeaux s’est mobi- lisée tout au long de l’année 2020, en relation avec la CNAOC, EFOW et avec les parlementaires nationaux qui ont défendu les intérêts de la viticulture. Si ces derniers ne se sont pas exprimés du fait de la proximité des élections régionales et départementales, Jean-Marie Garde a souligné leur travail tout au long de l’année. « Ils ont répondu présents, en particulier pour la mise en place d’un dispositif d’allègement de cotisations sociales pour 2021 spécifique à notre activité. »

Droits de plantation. La prolongation de l’encadrement des autorisations de plantation jusqu’en 2045 a été obtenue dans le cadre des négociations de la PAC. Claude Gaudin, secrétaire général de la FGVB, en rappelle le contexte : « Il y avait une diver- gence de vues entre le Parlement européen et les ministres de l’Agriculture. Le premier envisageait une visibilité à 2050, les seconds à 2040. Finalement, la décision finale a retenu l’année 2045. » Les autorisations de plantation, jusqu’ici accordée pour 3 ans, bénéficieront d’une prolongation de leur durée de vie et seront dorénavant accordées pour 6 ans.

Mentions sur les étiquettes. Les calo- ries devront être mentionnées sur l’étiquetage. La mention des ingrédients pourra être dématérialisée. Ces règles s’appliqueront à compter de 2023 pour les calories, et 2027 pour les ingrédients.

Replis entre AOP. La reconnaissance effective de la possibilité d’effectuer des replis entre AOP a été obtenue.

Charte riverains. La loi Égalim avait pour objectif d’informer les riverains et d’augmenter les niveaux d’information. « Nous avons travaillé en lien avec la Chambre d’agriculture de la Gironde pour élaborer la charte. L’annulation des chartes par le Conseil Constitutionnel pour des rai- sons de forme ne devrait pas concerner la charte girondine », explique Yann Le Goas- ter, directeur de la FGVB.

Jean-Samuel Eynard, président de la FNSEA, invitait Renaud Laheurte, Direc- teur Départemental des Territoires et de la Mer (DDTM) à apporter un éclairage sur le cas précis de la Gironde : « La charte de la Gironde fait partie des chartes validées par le conseil interministériel. Elles font donc partie des chartes validées par l’État. »

Jean-Samuel Eynard se félicitait de l’information : « C’est une très bonne nouvelle pour les agriculteurs de Gironde ! »

Fiscalité agricole. La FGVB s’est mobili- sée tout au long du processus d’adoption de la loi de finances et des lois de finances rectificatives, sous l’égide de la CNAOC, afin de faire adopter sa plateforme fiscale pour 2021.

Il en ressort deux avancées notables : l’instauration d’un crédit d’impôts HVE, et la prorogation du dispositif d’exonération TO-DE jusqu’au 31 décembre 2022.

Mesures d’accompagnement de la crise Covid. Il a été mis en place une aide à la distillation de crise et une aide au stockage pour aider les entreprises à faire face.

• Distillation. Les demandes déposées pour des AOC de Gironde représentent un volume global de 671 622 hl.

• Aides au stockage. Les demandes déposées pour des AOC de Gironde repré- sentent un volume global de 1 358 000 hl.

Suivi de la crise sanitaire. La FGVB a informé les ODG et les viticulteurs en temps réel sur les mesures d’accompa- gnement : conditions de poursuite de l’ac- tivité, modalités de soutien et d’aide mises en œuvre par l’État pour accompagner les exploitations (volet social, fiscal, fonds de solidarité… ). Jean-Marie Garde insistait sur la poursuite du travail engagé pendant les phases de confinement et de télétra- vail : « Je remercie l’ensemble de nos colla– borateurs qui ont assuré la continuité des activités de la Fédération depuis le début de cette pandémie. »

Il a également salué le travail accompli par Yann Le Goaster, à la direction de la FGVB depuis 20 ans. « Il a rejoint la fédéra– tion le 1er juillet 2001 pour défendre la viticul– ture girondine. »

Viticulture girondine : « Nous assistons aujourd’hui à une révolution silencieuse »

Certifications environnementales et enjeux. Jean-Marie Garde estime que « l’amélioration progressive de la situation économique et sanitaire que nous connais-sons va enfin nous permettre de nous projeter et de répondre aux nombreux défis qui nous attendent ».

« Le premier d’entre eux est de poursuivre et d’accentuer les efforts entrepris en matière de transition environnementale. Nous assistons aujourd’hui à une véritable révolution silencieuse. Elle traduit la prise de conscience des viticulteurs girondins, toutes appellations confondues, dans leur capacité à être les acteurs de l’adaptation au changement climatique et à répondre aux attentes des consommateurs. »

« La très forte progression des certifications environnementales ou AB traduit cette évolution. À cet égard, la certification HVE, qui constitue un point de départ, doit évoluer. Sa refonte, annoncée pour 2023, devra mieux prendre en compte les spécificités de la viticulture. »

« La transition passera également par un large développement des pratiques agroécologiques. Les ODG et organisations professionnelles ont un rôle essentiel à jouer pour accompagner cette dynamique qui s’inscrit plus largement dans une stratégie de responsabilité sociétale des entreprises. »

Assurances et aléas climatiques. Face aux aléas climatiques qui frappent le vi- gnoble, Jean-Marie Garde se veut offensif. « Nous devrons également trouver des réponses aux conséquences du changement climatique : la survenance de plus en plus fréquente d’aléas de grande ampleur fragilise structurellement nos entreprises. »

« La refonte de l’assurance récolte annoncée par le gouvernement suite au gel était à cet égard une bonne nouvelle. »

« Précisons que la Gironde était en 2020 l’une des régions viticoles les mieux assu- rées avec 36 % des viticulteurs, et 46 % des surfaces, couvertes par une assurance multirisque climatique. »

« Cette évolution devra en particulier se traduire par une refonte de la base assurable, lamoyenneolympiquequinquennale.Celle-ci constitue, compte tenu de la baisse des vo– lumes récoltés ces dernières années, l’un des principaux freins à l’assurance. »

« Nous venons d’apprendre que cette ré– forme était reportée à 2023, ce qui est une très mauvaise nouvelle ».

« Si le système n’est pas modifié rapide– ment, alors même que des propositions issues d’un rapport parlementaire sont sur la table, il y a un risque de recul de l’assu– rance très important en 2022 compte tenu du contexte économique. La prévention de ce risque passera à court terme par la possibilité de compléter le rendement as– surable, qui doit être subventionnée jusqu’à la réforme du système. Une assurance ré– colte plus efficace stabiliserait le revenu des exploitations. »

« La réponse aux aléas passe aussi par une réflexion collective sur les moyens de lutte, en particulier contre le gel. »

Protection des terroirs. La FGVB, en synergie avec le CIVB et l’ensemble des ODG de Gironde, poursuit un travail de protection des terroirs, étudiant les plans locaux d’urbanisme, les schémas de cohérence territoriaux (SCOT) ou encore les projets éoliens (c’est le cas dans le Blayais ou en Médoc) susceptibles de porter atteinte aux terroirs viticoles.

> E.D.

Les groupes de travail de la Fédération

Il a été instauré deux groupes de travail au sein de la fédération en 2020.

– Amélioration qualitative de l’AOC. L’enjeu : améliorer la procédure de contrôle pour diminuer le pourcentage de produits déceptifs.

– Transition environnementale. Ce groupe, constitué à la mi-mai 2020, a défini sept axes de travail. Il s’est notamment attaché aux thématiques suivantes :

• Améliorer l’accompagnement technique des viticulteurs qui souhaitent s’engager dans une certification environnementale (Bio /HVE/ Terravitis…) ;

• Renforcer les efforts de formation/information sur l’importance de la qualité de pulvérisation ;

•Assurer la sécurisation de l’usage du cuivre au plan juridique.

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