Courtiers : Xavier Coumau passe le relais après dix ans de présidence

Charles Rippert, vice-président, et Xavier Coumau, président, quittent la barre du Syndicat des Courtiers de Bordeaux.

Après dix ans de présidence du Syndicat des courtiers de Bordeaux, de la Gironde et du Sud-Ouest, Xavier Coumau passe la main. Les professionnels constatent
un marché chahuté, avec peu de visibilité. Jérôme Prince, président de la fédération nationale, invite les professionnels à la vigilance dans cette période difficile :  « Vous êtes le garant moral des transactions »

« Xavier, je voulais te féliciter pour ces dix ans de présidence à Bordeaux. Une grande présidence». Jérôme Prince, pré- sident de la Fédération nationale des cour- tiers en vin et spiritueux de France (FNCVSF), venu de Bourgogne, saluait ainsi Xavier Coumau. Je tenais à être présent et à te remercier au nom de la fédération nationale. Tu as largement contribué à toutes les solutions positives que nous avons pu trouver depuis cinq ans pour notre profession. »

Le patron des courtiers français dressait un panorama de la situation des bassins viticoles de France. « J’ai appelé mes collègues et je peux vous confirmer que la Covid- 19 a entraîné de nombreuses difficultés dans toutes les régions.

« Alsace. C’est toujours le calme plat au niveau des affaires. La distillation a apporté un peu de souffle. »

« Champagne. 200 millions de bouteilles vendues, au lieu de 300 millions de bouteilles. Mais tous les contrats, même s’ils ont changé de main, ont trouvé preneur. »

« Vallée du Rhône. C’est assez compliqué. Et même Châteauneuf-du-Pape souffre. »

« Languedoc. On s’oriente vers les 13 millions d’hectolitres. Mais c’est très calme. »

« Bourgogne. Petite récolte, entre – 20 et – 50 % de volume. Même si le négoce a fait, en juin2020, un CA 2020 supérieur à juin 2019. »

« Val de Loire : Pour les rouges, c’est catastrophique. Sauf pour les crémants et rosé. Même pour Sancerre, lié au marché US et à la restauration parisienne, c’est difficile. »

« Provence. Baisse de la production à cause du gel. Bel été à l’échelle nationale. Mais très difficile sur le marché US. »

Le représentant de Cognac faisait un peu cavalier seul dans les observations: « On a fait – 11 %. On reste stable sur les US. Mais on baisse sur l’Asie. On repart bien en Russie. »

En parallèle, président du tribunal de commerce de Dijon, Jérôme Prince dressait un constat préoccupant. « On est dans une situation un peu irréelle. Tout le monde est sousperfusion par le chômage partiel ou le prêt garanti par l’État (PGE).On enregistre un tiers des procédures collectives en moins par rap- port à 2019. Ce n’est pas sain du tout. Mais s’il n’y a pas de chiffre d’affaires, pas d’activité. Cela sert à quoi ? À gagner du temps. Mais le tsunami, on va l’avoir un jour ou l’autre. Ce qui pèse sur ce marché, c’est cette chappe de plomb, cette peur du lendemain. »Il reprenait alors sa casquette de président des courtiers pour rappeler le fondement du métier dans un climat incertain : « J’attire votre attention sur votre rôle de courtier. Vous êtes le garant moral des transactions. Faites attention, nous avons cette responsabilité de rassurer, d’être un garant pour un acheteur et un ven- deur. Demain, un courtier ne pourra pas dire en cas de problème « je ne savais pas ». Remplissez votre rôle de garant pour les acheteurs et les vendeurs. »

« Il faudra s’adapter »

Il revenait à Xavier Coumau, président du Syndicat pour quelques jours encore, de clore l’assemblée générale. « Ce qui me tient le plus à cœur, c’est la vie de notre syndicat. Avec 73 membres, nous comptons un tiers des courtiers nationaux. « On sait que la situation économique n’est pas favorable. On a bien vu que le volume est très réduit. Au niveau du courtage, il faudra que l’on s’adapte. Dans cette crise profonde, il y a beaucoup de voyants verts. La sortie primeurs ne devait pas avoir lieu, et elle s’est déroulée, avec une réussite surprenante. Certains se réorganisent vers l’IGP Atlantique, avec la volonté d’en développer le marketing.»

« Mais pour beaucoup de viticulteurs qui n’ont pas les moyens de s’orienter vers le modèle gagnant, il faudra agir. Pour eux, et pour l’ensemble de la filière. Même si cela ne va pas assez vite, je sais que des solutions sont recherchées, et l’aide à l’arrachage en fait partie. »

« Cette année de présidence 2020 a été l’année de trop. Un changement de président se prépare. Mon ami Charles Rippert, vice-président, était le candidat idéal. Mais il doit penser à sa famille et à sa santé. L’élection du prochain président aura lieu en octobre prochain. »

« Je tiens à tous vous remercier. Vous m’avez soutenu. C’était dix années très riches. Et cela n’a pas de prix. » La salle s’est levée et a longuement applaudi Xavier Coumau.

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