Le projet de reconnaissance de la production de vins blancs dans le cahier des charges de l’AOC Médoc a été adopté par les viticulteurs réunis en assemblée générale le 30 mars dernier.

« Le projet d’AOC Médoc blanc a pour objectif de protéger un savoir-faire local et ancestral, de reconnaître des méthodes de production et des produits avec une trame organoleptique et une typicité propres, d’améliorer la visibilité et l’identité des vins blancs du Médoc », a souligné Hélène Larrieu, directrice de l’ODG Médoc, Haut-Médoc et Listrac-Médoc.
La proposition de l’ODG s’appuie sur une production médocaine de vins blancs depuis le début du XVIIIe siècle largement documentée, mais aussi sur sa croissance actuelle : elle est en effet passée, sur les 8 appellations médocaines, de 90 ha (50 producteurs) en 2017 à 173 ha (75 producteurs) en 2022 (dont 106,5 ha en sauvignon blanc et 32,3 ha en sémillon).
D’après l’important travail mené par l’ODG depuis 2021, pour la majorité des exploitations, les vendanges sont manuelles, la fermentation et l’élevage se font en barriques ; la distribution s’opère par tous circuits sauf grande distribution ; le prix public moyen de la bouteille se situe entre 13 € et 25 € (prix allant de 11 € à plus de 300 €). Les principales motivations des exploitations productrices : un lien avec l’histoire du domaine, une demande client, la curiosité ou encore la valorisation de terroirs aujourd’hui plus adaptés aux blancs. En dégustation, les caractéristiques majeures des blancs du Médoc sont l’aromatique, la rondeur et le gras en bouche apportés par le passage en barriques, la salinité et la minéralité, la tension en bouche, la complexité, la fraîcheur et les arômes de fruits exotiques. « Dans les dégustations à l’aveugle, l’élevage bois s’avère un déclencheur de la typicité du Médoc par l’apport de rondeur, mais sans le marquer », a indiqué la directrice.

Au cahier des charges proposé par l’ODG, les blancs sont issus de cépages principaux traditionnels (muscadelle B, sémillon B, sauvignon B, sauvignon gris G), de cépages accessoires (Chenin B, Viognier B, Chardonnay B, Gros Manseng) et de variétés d’intérêt à fin d’adaptation (Floréal, Sauvignac B, Souvigner gris, Alvarinho B, Liliorila B). La proportion des cépages accessoires est inférieure ou égale à 15 % de l’encépagement de l’exploitation et de l’assemblage des vins. La proportion des VIFA, prises ensemble ou séparément, est inférieure ou égale à 5 % de l’encépagement dédié à la production de vin blanc et à 10 % dans l’assemblage.
Avec le même rendement que les rouges (55 hl/ha), les blancs sont vinifiés, élevés (au moins jusqu’au 31 mars qui suit la récolte) et conditionnés en bouteilles à la propriété (pour éviter les risques d’oxydation). Ils sont élevés en contenant bois pour au moins 30 % du volume. « L’ objectif est de faire un produit valorisé, qui aura une typicité réelle par les sols sur lesquels il sera produit et par l’aromatique apporté par l’élevage bois », a souligné Claude Gaudin, président de l’ODG. Les modifications du cahier des charges seraient présentées en comité régional INAO en août, puis en comité national en fin d’année.

Une certification environnementale ou AB

Une autre modification figure aux cahiers des charges Médoc, Haut-Médoc et Listrac-Médoc : l’obligation d’une certification environnementale de niveau 2 minimum (démarche individuelle ou collective) ou d’une certification en agriculture biologique ou attestation de conversion, (80 % des surfaces en AOC Médoc, 90 % en AOC Haut-Médoc et 94 % en AOC Listrac-Médoc étant déjà certifiées). Déjà validée par les viticulteurs, cette modification avait été reportée pour ne pas léser certains opérateurs en raison de contraintes administratives. Mais elle s’appliquera dès publication de l’arrêté d’homologation du nouveau cahier des charges, a-t-il été rappelé.

Par ailleurs, faisant écho à l’intervention de Rémy Fauchey du Château L’inclassable sur les situations très difficiles de certains viticulteurs, Claude Gaudin a exprimé, dans son rapport moral, « la pleine conscience de toutes les instances des difficultés de la période. Nous ne pouvons rien promettre mais nous essayons de trouver des solutions. Nos actions collectives seront à l’origine d’un redressement possible ».

C.P.

Plan de promotion et relance commerciale

Précédée d’une matinée consacrée aux actions de communication et de promotion des AOC Médoc et Haut-Médoc, dédiées intégralement à la France (plus de 400 000 euros au budget 2023), l’assemblée générale de l’ODG Médoc, Haut-Médoc, Listrac-Médoc a été l’occasion de plusieurs interventions. Christophe Chateau, directeur communication du CIVB, a notamment fait un point sur le bilan économique 2022 des vins de Bordeaux, sur les mesures mises en place pour faire face à la crise et sur le plan de relance commerciale élaboré par l’interprofession.
La directrice du Conseil des Vins du Médoc, Carole Vidal, a présenté les grandes orientations de la stratégie de promotion 2023, pour un budget global de 915 000 € pour les 8 AOC médocaines sur les marchés mondiaux prioritaires.